
Le décret tertiaire, souvent perçu comme une simple contrainte administrative, est en réalité un puissant catalyseur de transformation pour les entreprises. Au-delà des objectifs de réduction de consommation énergétique, il offre une opportunité unique de repenser la performance et la valeur de votre patrimoine immobilier. Loin d’être une charge, cette réglementation est un véritable outil de pilotage stratégique.
Aborder cette obligation non pas comme une fin en soi, mais comme un moyen, permet de convertir une dépense réglementaire en un investissement rentable. Il s’agit de transformer la conformité en un levier de performance économique, patrimoniale et d’image. La clé est de passer d’une logique de déclaration à une culture du pilotage énergétique.
Le décret tertiaire : obligation et opportunité en bref
- Le principe : Réduire la consommation énergétique des bâtiments tertiaires de plus de 1000 m².
- Les objectifs : Atteindre une baisse de -40% en 2030, -50% en 2040 et -60% en 2050.
- L’enjeu : Aller au-delà de la contrainte pour en faire un levier de valorisation de vos actifs.
- La méthode : Mettre en place un plan d’action structuré pour piloter la performance dans la durée.
Votre plan d’action en 4 étapes pour piloter votre mise en conformité
La mise en conformité au décret tertiaire est un projet qui se pilote. Alors que la mobilisation s’intensifie avec déjà plus de 600 millions de m² déclarés sur le milliard attendu, une approche méthodique est indispensable pour garantir l’atteinte des objectifs sans subir la réglementation.
Qui est concerné par le décret tertiaire ?
Tous les propriétaires et locataires de bâtiments ou parties de bâtiments à usage tertiaire dont la surface d’activité cumulée dépasse 1000 m². Cela inclut les bureaux, commerces, entrepôts et établissements d’enseignement.
Étape 1 – Le diagnostic initial : La première phase consiste à établir une cartographie précise de votre patrimoine. Il faut identifier tous les sites assujettis, c’est-à-dire ceux dont la surface d’activité tertiaire dépasse 1000 m². Ensuite, rassemblez les factures énergétiques des dernières années pour définir votre consommation et choisir une année de référence pertinente, qui servira de base pour la déclaration sur la plateforme OPERAT.
Ce travail d’audit initial est crucial. Il permet de visualiser précisément les postes de consommation les plus importants et d’identifier les bâtiments sur lesquels les efforts devront être concentrés en priorité. C’est la fondation de toute votre stratégie énergétique.

L’analyse fine des données collectées, souvent appuyée par des outils de diagnostic thermique, révèle les gisements d’économies d’énergie et oriente les choix technologiques et organisationnels à venir. Cette étape objective transforme une obligation floue en un plan d’action chiffré.
Étape 2 – L’arbitrage stratégique : Le décret propose deux voies pour atteindre les objectifs : une réduction en valeur relative (-40%, -50%, -60%) par rapport à votre année de référence, ou l’atteinte d’un seuil de consommation en valeur absolue fixé par secteur d’activité. Le choix entre ces deux trajectoires est une décision stratégique majeure qui dépend de la performance initiale de votre parc immobilier. Simuler les coûts et le retour sur investissement (ROI) de chaque option est essentiel.
Pour vous aider à visualiser les implications de ce choix, voici une comparaison des deux méthodes de calcul des objectifs :
| Critère | Valeur Relative (Crelat) | Valeur Absolue (Cabs) |
|---|---|---|
| Principe | Réduction en % par rapport à une année de référence (2010-2022) | Seuil maximal en kWh/m²/an selon l’activité |
| Objectif 2030 | -40% de consommation | Seuil fixé par arrêté sectoriel |
| Avantage | Adapté aux bâtiments anciens énergivores | Adapté aux bâtiments récents déjà performants |
| Flexibilité | Choix de l’année de référence | Objectif fixe indépendant de l’historique |
Étape 3 – La feuille de route pluriannuelle : Une fois la trajectoire choisie, il faut la traduire en actions concrètes. Élaborez une feuille de route qui planifie les interventions sur le long terme pour atteindre les paliers de 2030, 2040 et 2050. Ces actions peuvent inclure des travaux de rénovation de l’enveloppe, l’installation d’une Gestion Technique du Bâtiment (GTB) ou la sensibilisation des occupants. Pour identifier les interventions les plus pertinentes, il peut être utile de découvrir les travaux de rénovation énergétique éligibles.
Étape 4 – Le pilotage dans la durée : La conformité ne s’arrête pas à la première déclaration. Il est fondamental de transformer la plateforme OPERAT en un véritable tableau de bord de la performance énergétique. Suivre annuellement vos consommations, mesurer l’impact de chaque action et ajuster votre stratégie en continu sont les clés pour maintenir le cap et garantir l’atteinte des objectifs à chaque décennie.
Pour vous guider dans le processus administratif, voici un rappel des formalités essentielles à accomplir.
Check-list pour votre déclaration OPERAT
- Étape 1 : Créer votre compte sur la plateforme OPERAT avant le 30 septembre 2024
- Étape 2 : Renseigner les informations patrimoniales de vos bâtiments assujettis (>1000m²)
- Étape 3 : Déclarer les consommations énergétiques 2023 avec justificatifs
- Étape 4 : Choisir votre méthode de calcul (valeur relative ou absolue) selon votre patrimoine
- Étape 5 : Recevoir votre attestation avec notation Eco Energie Tertiaire
À retenir
- Le décret tertiaire impose une déclaration annuelle et des objectifs de réduction énergétique progressifs jusqu’en 2050.
- Choisir entre la valeur relative (Crelat) et absolue (Cabs) est une décision stratégique clé pour votre patrimoine.
- La conformité n’est pas une charge mais une opportunité de valoriser vos actifs et de renforcer votre image RSE.
- Un pilotage actif transforme la contrainte réglementaire en un levier de performance économique durable.
Comment le décret tertiaire peut devenir un levier de valorisation pour votre patrimoine
Envisager le décret tertiaire uniquement sous l’angle des sanctions serait une erreur stratégique. L’inaction a un coût bien réel : la dépréciation progressive de vos actifs face à un marché de plus en plus sensible à la « valeur verte ». Un bâtiment non conforme deviendra moins attractif à la location et subira une décote à la revente. La conformité, au contraire, ouvre la porte à de multiples bénéfices.
Les immeubles verts se louent mieux et plus chers que les autres, avec une valorisation immobilière augmentant de 8 à 10% à la revente selon une étude Nexity. La notation spécifique Eco Energie Tertiaire permettra de différencier les actifs entre eux dès septembre 2024.
– Sobre Énergie, Baisse des valorisations : et si le décret tertiaire changeait la donne ?
Cette perspective change radicalement la nature des dépenses engagées. Les travaux d’amélioration énergétique ne sont plus des coûts, mais des investissements qui génèrent un retour tangible. La baisse des charges d’exploitation et la hausse potentielle de la valeur locative créent un cercle vertueux économique.

Cet investissement dans la performance se traduit par un retour concret. Les premiers bilans montrent qu’une baisse moyenne de 22% des consommations a été observée entre 2010 et 2022, ce qui démontre le potentiel d’économies réalisables. L’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments devient alors un moteur direct de rentabilité.
Enfin, la conformité au décret tertiaire est un puissant argument en matière de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Dans un monde où les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont scrutés par les investisseurs, les talents et les clients, afficher des performances énergétiques solides est une preuve tangible de votre engagement. C’est un moyen concret de transformer une obligation légale en un atout pour votre marque employeur et votre attractivité commerciale.
Les avantages de cette démarche proactive se déploient sur plusieurs dimensions, transformant une contrainte réglementaire en une stratégie gagnante.
| Dimension | Bénéfices concrets |
|---|---|
| Économique | Réduction des charges énergétiques de 40 à 60% sur 30 ans |
| Patrimoniale | Valorisation de 8 à 10% des actifs immobiliers verts |
| Commerciale | Meilleure attractivité locative et fidélisation des occupants |
| RSE | Preuve tangible d’engagement environnemental pour investisseurs |
| Réglementaire | Évitement des sanctions et du ‘name and shame’ |
Questions fréquentes sur le décret tertiaire et la réglementation énergétique
Quelle est l’année de référence pour le décret tertiaire ?
Vous pouvez choisir une année pleine entre 2010 et 2022 comme année de référence pour calculer vos objectifs de réduction. Cette année doit être représentative de votre consommation normale et vous devez disposer des justificatifs correspondants.
Que se passe-t-il si je ne respecte pas les obligations du décret tertiaire ?
En cas de non-respect, vous vous exposez à des sanctions financières pouvant aller jusqu’à 7500€ pour une personne morale, ainsi qu’à une publication de votre nom sur un site public, un principe connu sous le nom de « name and shame ».
Comment faire ma déclaration sur OPERAT ?
La déclaration se fait en ligne sur la plateforme OPERAT gérée par l’ADEME. Vous devez y créer un compte, renseigner les informations de vos bâtiments assujettis et déclarer vos consommations énergétiques annuelles avant le 30 septembre de chaque année.
Les travaux de rénovation sont-ils la seule solution pour être conforme ?
Non. Les travaux sont une option majeure, mais les objectifs peuvent aussi être atteints via une meilleure gestion technique du bâtiment (GTB), l’installation d’équipements plus performants, le recours aux énergies renouvelables ou la sensibilisation des occupants aux écogestes.